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Date de création : 08.04.2011
Dernière mise à jour : 17.04.2011
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Rock in chair

Publié le 17/04/2011 à 22:46 par contrainte-par-corps Tags : handicap chez nature soi sport message difficultés fauteuil roulant

 

Une cheville cassée à droite, des muscles en guimauve faute de sport pendant les 10 dernières années, une sciatique récurrente à gauche et me voilà digne du privilège de circuler en fauteuil...

Pas de panique, pour moi c'est passager et c'est donc supportable, voire un confort par rapport aux béquilles... donc je ne vais pas m'en plaindre. Mais je pense aux autres, c'est à dire à ceux qui n'ont durablement pas d'autres choix, et pour eux la vie est vraiment un casse-tête.

 

Pour moi, c'est un confort parce que chez moi les portes de l'immeuble, de l'ascenseur, de l'appartement sont adaptées et il y a peu de mobilier. C'est un confort, parce que je peux désormais porter un plateau repas, ou une tasse de café sans que ce soit problématique et sans pousser un plateau au sol avec des béquilles. Avec des béquilles et l'interdiction de poser un pied par terre, avec des muscles des bras non préparés à cela, tout est douloureux au départ. Le transport de quoi que ce soit est compliqué et devient une galère. Du coup l'arrivée du fauteuil roulant à été un vrai soulagement.

Dans le regard des autres pourtant, c'est un peu la panique. Autant les béquilles n'impressionnent pas beaucoup, autant le fauteuil leur cause un choc au départ... juste quelques minutes, le temps d'expliquer à quel point c'est un confort... à la maison seulement !

Dans la rue, c'est tout à fait autre chose. Toute pente, tout bateau, toute plaque en fer, tout trottoir à franchir devient un vrai problème et être autonome avec un fauteuil nécessite une musculature des bras et des abdos qu'on n'imagine pas. Si ça a quatre roues, ça n'est pas pour autant très stable un fauteuil. Dès qu'il y a un dénivelé et qu'une des roues ne porte plus au sol, ça patine dans le vide et ça risque de se renverser. Il faut faire contrepoids de tout son corps dans l'autre sens. Les passages cloutés avec leur dénivelés comportant des petites boules blanches, sûrement censées aider, sont un vrai problème. Les rampes d'accès aussi pour une novice comme moi, parce que trop pentues. Il faut lâcher les roues pour actionner les freins à mains et si un porte d'accès est fermée, sans un espace plat suffisant pour se stabiliser devant, c'est presque impossible de la pousser.

Autant dire que, si sur le trottoir, une personne dans un fauteuil tient à passer à un endroit précis plutôt qu'à un autre, ce n'est par caprice. C'est juste une conscience d'une difficulté pour elle de laquelle les valides n'ont pas idée.

Sous la pluie ou si le trottoir est mouillé, cela n'est même pas envisageable pour moi de circuler. La maîtrise d'un fauteuil n'en est pas plus facile quand on est poussés, parce celui qui pousse n'a souvent pas conscience du problème jusqu'à ce que la maîtrise lui en échappe.

Au café du coin, le plus souvent les portes ne sont pas assez larges pour que le fauteuil passe et il y a souvent une mini marche à franchir. Pour aller aux toilettes il vaut mieux rentrer chez soi ! Il y a, d'ici à 2015, une loi qui va rendre beaucoup de lieux accessibles aux handicapés, mais pour le moment c'est très loin d'être le cas.

Et puis il y la la pente des rues. Autant dire qu'il vaut mieux habiter dans un quartier ou il n'y a pas vraiment de dénivelés. Montmartre, ou les Buttes-Chaumont sont par nature réservés aux athlètes.

Au supermarché, il y a quelquefois des caisses où le passage est plus large, mais ce ne sont pas celles qui paraissent ouvertes en priorité. Donc il faut demander de l'aide à un autre consommateur... Vive le commerce en ligne

 

L'usage du fauteuil a pour moi favorisé le dialogue et pourtant habituellement je n'en suis pas avare. Les gens paraissent plus facilement enclins au dialogue que lorsqu'on a des béquilles ou que l'on est valide. Plus les gens sont âgés et plus ils me proposent leur aide. Les ados aussi sont souvent serviables. Entre les deux, cela parait plus compliqué à gérer et plus effrayant pour l'autre... la confrontation à la fragilité humaine, le changement de situation du jour au lendemain leur est peut-être pénible. C'est la façon dont je l'interprète

Bref, le message que j'aimerai transmettre est celui d'une prise de conscience de leurs difficultés. Ne pas être un obstacle pour une personne handicapée est pour elle déjà une aide en soi. Tout est beaucoup plus difficile qu'il n'y parait pour ceux qui circulent en fauteuil dans la rue. Cela demande du courage pour certains qu'être autonomes.